J'ai 35 ans aujourd'hui... Je suis donc né le même jour que Benjamin Sachs, et comme lui, j'ai le goût du combat perdu d'avance. Si lui s'adonnait à la destruction des répliques de statues de la Liberté, je n'ai pas ici cette possibilité. Il y a bien la Tour Eiffel, mais elle est en exemplaire unique, et bien qu'elle soit objectivement inutile, ce ne serait pas a priori ma cible première.
Je me sens plus l'âme d'un conquérant doué d'un idéal morbide, seul contre tous, décidé à aller jusqu'au bout. Qu'aurais-je à perdre ? Une chose qui ne m'intéresse pas plus outre mesure, qui ne m'a jamais vraiment intéressée, tant les dés étaient pipés d'avance. Il y a en moi depuis toujours une tendance inexorable au chaos, je me suis toujours senti seul au milieu de ces foules joyeuses, ignorantes et dégoulinantes de bonheur nauséabond et bon marché. J'ai pour elles le fantasme du carnage théâtralisé, une sorte d'Oklahoma City version Timothy Mc Veigh, en version plus européenne, plus subtile, même si je salue l'artiste. Une réussite !
La haine, c'est l'énergie la plus efficace pour tenir si longtemps. Ca vous permet de continuer, d'accumuler des tonnes de frustration sans montrer le moindre signe extérieur d'insatisfaction. Le stoïcisme pour armure... J'aurais dû en finir depuis des années, on devient de plus en plus lâche en vieillissant.
Je ne supporte plus la médiocrité, à commencer par la mienne. C'est d'autant plus insupportable que je me suis rendu compte que celle des autres était pire. Accepter de vivre parmi des êtres aussi insignifiants, c'est une insulte à l'intelligence. J'ai échoué. Et comme il n'y a de place que pour les vainqueurs, à peine, il faudra bien que je me décide à quitter le terrain.
06 août 2007
31 juillet 2007
David Caspar Friedrich
S'il est un peintre qui a pu un jour me fasciner, c'est bien David Caspar Friedrich.
Assez peu connu du grand public, cet artiste allemand et protestant du début XIXème (né en 1774), malgré une vie sans artifices et à vrai dire assez terne a su tirer de son cerveau (quasiment toutes ses toiles ont été réalisées dans son atelier) des oeuvres d'une profonde évocation, qui font travailler l'imaginaire (le mien en tout cas) car plutôt que de peindre la réalité, il peignait sa vision de la réalité, accentuant les effets de la nature, son domaine de prédilection. Un peintre romantique en somme...
Je veux ici vous présenter quelques-unes de ses oeuvres.
La première toile qui fit sa renommée : "Moine au bord de la mer".
"La mer de glace"
La plupart des paysages de ses toiles prennent pour cadre sa région : la mer Baltique, le Riesengebirge, le Harz, les rives de l'Elbe...
"Le voyageur au dessus de la mer de nuages"
Quand Friedrich peignait des êtres humains, c'était souvent de dos. Vous n'aurez pas manqué de remarquer que cette toile illustre ce blog ;-)
"L'arbre aux corbeaux"
La seule toile, je crois, qui soit exposée dans un musée français, le Louvre en l'occurence.
Comme vous pouvez le constater, ces peintures regorgent de gaieté et de vitalité... Quelques éléments bibliographiques peuvent expliquer cet excès d'optimisme : le décès de sa mère (il a 7 ans), suivi, un an plus tard, de celui de sa soeur (variole). Quelques années plus tard, son frère se noie sous ses yeux en tentant de lui porter secours au cours d'une partie de patinage sur la Baltique gelée. Enfin, son autre soeur meurt du typhus peu de temps après. Ca fait beaucoup pour un seul homme... Il mourra le 7 mai 1840 paralysé depuis 5 ans des suites d'une congestion cérébrale. Il est enterré à Dresde.
Ce que je ressens en regardant ces toiles, c'est une immense solitude. Celle de l'âme. C'est peut-être la raison pour laquelle je m'en sens si proche...
Assez peu connu du grand public, cet artiste allemand et protestant du début XIXème (né en 1774), malgré une vie sans artifices et à vrai dire assez terne a su tirer de son cerveau (quasiment toutes ses toiles ont été réalisées dans son atelier) des oeuvres d'une profonde évocation, qui font travailler l'imaginaire (le mien en tout cas) car plutôt que de peindre la réalité, il peignait sa vision de la réalité, accentuant les effets de la nature, son domaine de prédilection. Un peintre romantique en somme...
Je veux ici vous présenter quelques-unes de ses oeuvres.
La première toile qui fit sa renommée : "Moine au bord de la mer".
"La mer de glace"
La plupart des paysages de ses toiles prennent pour cadre sa région : la mer Baltique, le Riesengebirge, le Harz, les rives de l'Elbe...
"Le voyageur au dessus de la mer de nuages"
Quand Friedrich peignait des êtres humains, c'était souvent de dos. Vous n'aurez pas manqué de remarquer que cette toile illustre ce blog ;-)
"L'arbre aux corbeaux"
La seule toile, je crois, qui soit exposée dans un musée français, le Louvre en l'occurence.
Comme vous pouvez le constater, ces peintures regorgent de gaieté et de vitalité... Quelques éléments bibliographiques peuvent expliquer cet excès d'optimisme : le décès de sa mère (il a 7 ans), suivi, un an plus tard, de celui de sa soeur (variole). Quelques années plus tard, son frère se noie sous ses yeux en tentant de lui porter secours au cours d'une partie de patinage sur la Baltique gelée. Enfin, son autre soeur meurt du typhus peu de temps après. Ca fait beaucoup pour un seul homme... Il mourra le 7 mai 1840 paralysé depuis 5 ans des suites d'une congestion cérébrale. Il est enterré à Dresde.
Ce que je ressens en regardant ces toiles, c'est une immense solitude. Celle de l'âme. C'est peut-être la raison pour laquelle je m'en sens si proche...
20 juillet 2007
Ciné-club
J'ai vu un film il y a très longtemps (probablement sur Arte), et j'en ai gardé un souvenir très particulier. Ce film c'est "Radio On". J'en avais parlé à mes amis, aucun d'entre eux ne connaissait, et j'en venais à douter que ce film n'eût jamais existé que dans les recoins les plus sombres de mon esprit.
Ce film est enfin sorti en DVD il y a quelques mois (Les Films du Paradoxe :), ce qui devrait faire la joie desdits amis, surtout ceux qui n'ont pu résister au visionnement des "Harmonies Werckmeister", car en comparaison, l'action se déroule 10 fois plus vite...
Pour ne pas tout dévoiler, disons que c'est un road-movie (initiatique ?) réalisé par Chirstopher Petit, dont l'action se déroule dans l'Angeleterre de la fin des années 70. Il est filmé en noir et blanc et accompagné d'une bande son dans laquelle on retrouve des gens comme Kraftwerk, Bowie, et bien d'autres. A noter que Sting figure dans la distribution (il est alors en plein succès avec The Police).
J'adore les road-movies en général, que le ton soit dramatique (Radio On) ou plutôt axé sur la comédie...
Je remercie à ce titre Philippe qui m'a fait découvrir via son blog le film "Il Sorpasso" ou "Le Fanfaron" en français (traduction assez maladroite je trouve, car elle ne restitue pas le sens du titre italien, qui signifie "celui qui dépasse", en l'occurence pas que des véhicules). C'est un film de Dino Risi avec Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant, que je n'avais jamais vu et qui m'a donné une bonne dose d'oxygène à l'approche du week-end. Je suis même allé jusqu'à pousser ma Saab à plus de 5000 tours sur le périph (et en me demandant si il y avait un moyen d'y monter un klaxon "vintage")...
19 juillet 2007
Clin d'oeil ornithologique
Je dînais ce soir avec un ami, et il m'a appris un truc qu'il fallait que je partage avec vous, fidèles lecteurs : les martinets dorment en volant ! Ils montent haut en altitude et profitent des courants. Il m'en a fait la confidence tout en remarquant que vu la date, ces oiseaux devraient déjà avoir quitté la France pour l'Afrique...
J'espère que vous recevrez cette information avec le même intérêt que j'ai eu à la recevoir.
Plus sérieusement, et comme j'aime toujours apprendre de nouvelles choses, j'ai jeté un oeil sur Google, et voici ce qu'il en ressort :
"Ce n'est pas par son plumage qu'il se fait remarquer ! Il est plutôt terne , dans son costume sombre. Ce n'est pas sa vitesse de vol, non plus : 100 km/h environ, mais des vitesses de 160 à 200 km/h ont été enregistrées!. Son nom latin " Apus" : sans pattes!!!! Sa particularité, c'est qu'il passe la plus grande partie de son existence en l'air ( de 10 à 20 ans)
Il dort même en volant . Le soir venu, il monte à une altitude jusqu'à 2.000 et parfois à plus de 4.000 m d'altitude , là il s'endort !. Sa technique de sommeil est la suivante et n'a rien à voir avec notre dodo bien tranquille dans un lit douillet: il alterne durant 4 secondes : battements d'ailes pour reprendre un peu d'altitude ensuite durant 3 secondes de repos il plane les ailes étendues. Durant la nuit, les courants aériens peuvent le transporter loin de son territoire , mais par miracle vers 05h00 du matin il sera de retour chez lui ! On estime que la distance journalière parcourue par cet oiseau est de 800 à 1000 km.
Quant au jeune martinet ,fraîchement sortit du nid ,ne posera plus une patte au sol et ne cessera de voler durant 2 à 3 ans ( âge de reproduction) et durant ces années il aura parcouru près de 500.000 km , soit environ 12 fois le tour de notre bonne vieille terre."
Source : http://forum.tourdumonde.be/voyage-un-oiseau-extraordinaire-dans-nos-cieux-le-martinet-t11575.html
J'espère que vous recevrez cette information avec le même intérêt que j'ai eu à la recevoir.
Plus sérieusement, et comme j'aime toujours apprendre de nouvelles choses, j'ai jeté un oeil sur Google, et voici ce qu'il en ressort :
"Ce n'est pas par son plumage qu'il se fait remarquer ! Il est plutôt terne , dans son costume sombre. Ce n'est pas sa vitesse de vol, non plus : 100 km/h environ, mais des vitesses de 160 à 200 km/h ont été enregistrées!. Son nom latin " Apus" : sans pattes!!!! Sa particularité, c'est qu'il passe la plus grande partie de son existence en l'air ( de 10 à 20 ans)
Il dort même en volant . Le soir venu, il monte à une altitude jusqu'à 2.000 et parfois à plus de 4.000 m d'altitude , là il s'endort !. Sa technique de sommeil est la suivante et n'a rien à voir avec notre dodo bien tranquille dans un lit douillet: il alterne durant 4 secondes : battements d'ailes pour reprendre un peu d'altitude ensuite durant 3 secondes de repos il plane les ailes étendues. Durant la nuit, les courants aériens peuvent le transporter loin de son territoire , mais par miracle vers 05h00 du matin il sera de retour chez lui ! On estime que la distance journalière parcourue par cet oiseau est de 800 à 1000 km.
Quant au jeune martinet ,fraîchement sortit du nid ,ne posera plus une patte au sol et ne cessera de voler durant 2 à 3 ans ( âge de reproduction) et durant ces années il aura parcouru près de 500.000 km , soit environ 12 fois le tour de notre bonne vieille terre."
Source : http://forum.tourdumonde.be/voyage-un-oiseau-extraordinaire-dans-nos-cieux-le-martinet-t11575.html
18 juillet 2007
Citations
Comme annoncé il y a quelques jours, voici quelques phrases (en désordre) du "Voyage au bout de la Nuit" de Céline qui (pour une raison que j'ignore toujours à l'heure actuelle) m'ont marqué.
"Etre seul, c'est s'entraîner à la mort."
"L'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches"
"C'est l'âge aussi qui vient, peut-être, le traitre, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà."
"La vérité de ce monde c'est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir."
"Il y a un moment de la misère où l'esprit n'est plus déjà tout le temps avec le corps. Il s'y trouve vraiment trop mal. C'est déjà presque une âme qui vous parle. C'est pas responsable une âme."
"La médecine, c'est ingrat. Quand on se fait honorer par les riches, on a l'air d'un larbin, par les pauvres on a tout du voleur."
"A mesure qu'on reste dans un endroit, les choses et les gens se débraillent, pourrissent et se mettent à puer tout exprès pour vous."
ll y en a encore des dizaines... Je ne peux que vous en conseiller sa lecture si vous en voulez plus...
"Etre seul, c'est s'entraîner à la mort."
"L'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches"
"C'est l'âge aussi qui vient, peut-être, le traitre, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà."
"La vérité de ce monde c'est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir."
"Il y a un moment de la misère où l'esprit n'est plus déjà tout le temps avec le corps. Il s'y trouve vraiment trop mal. C'est déjà presque une âme qui vous parle. C'est pas responsable une âme."
"La médecine, c'est ingrat. Quand on se fait honorer par les riches, on a l'air d'un larbin, par les pauvres on a tout du voleur."
"A mesure qu'on reste dans un endroit, les choses et les gens se débraillent, pourrissent et se mettent à puer tout exprès pour vous."
ll y en a encore des dizaines... Je ne peux que vous en conseiller sa lecture si vous en voulez plus...
Libération fiscale
Depuis 2 jours nous pouvons enfin pu profiter de ce que l'Etat français a daigné nous laisser. En effet, le 16 juillet était le "jour de libération fiscale". Celui où on commence à travailler pour soi et donc à profiter des richesses que l"on produit.
Naturellement, la France arrive en dernière position des pays "développés" dans cette chronologie... Mais on commence à s'habituer à être à la traîne, et personnellement cela m'est désormais égal, n'étant pas patriote d'une part, et ayant résolu le problème de la fiscalité d'autre part.
Naturellement, la France arrive en dernière position des pays "développés" dans cette chronologie... Mais on commence à s'habituer à être à la traîne, et personnellement cela m'est désormais égal, n'étant pas patriote d'une part, et ayant résolu le problème de la fiscalité d'autre part.
17 juillet 2007
Les Harmonies Werckmeister
Je souhaitais écrire un billet sur cette magnifique oeuvre poétique de Béla Tarr, car c'est le dernier choc cinématographique qu'il m'ait été donné de vivre. En cherchant plus d'infos sur le réseau, j'ai trouvé quelqu'un qui en parle à merveille.
Je reprends donc l'article de Laurence Reymond, paru sur le site fluctuat.net (http://www.fluctuat.net/355-Les-Harmonies-Werckmeister)
"Premier film de Béla Tarr à être distribué en France, Les Harmonies Werckmeister ont tout pour créer un mythe. Cinéaste réputé difficile (certains de ses films durent plus de 7 heures), Tarr est porté aux nues par certains de ses pères, Gus Van Sant en tête. Les Harmonies, en guise d'introduction, tracent un chemin tout en lenteur et contemplation, entre rêverie et témoignage, sorte de fable politique et humaine qui possède une force incroyable. Une belle et inoubliable rencontre cinématographique.
Valushka est un jeune livreur de journaux, qui s'occupe de la santé d'un musicologue, M. Eszter, homme important dans le village de campagne dans lequel ils vivent. Rien n'est ici inscrit dans une réalité précise. Nous sommes de toute évidence dans un pays de l'Est, dans la deuxième moitié du XXe siècle, mais nous n'en saurons pas plus. Une chose est claire : Valushka admire sincèrement M. Eszter, qui s'est séparé de sa femme, interprétée par la grande Hanna Schygulla (on pourrait voir le film uniquement pour elle). Or, celle-ci débarque chez Valushka, épuisée, et lui ordonne de dire à son mari qu'il doit soutenir la cause de son parti (le Parti de l'ordre, ou quelque chose comme ça) qui veut sauver la ville des troubles qui la guette, s'il ne veut pas qu'elle se ré-installe chez lui. La menace devant être grave, Eszter accepte de démarcher les pontes de la ville, tandis que la population se regroupe sur la place, où un forain propose de montrer en spectacle « la plus grosse baleine du monde, et un prince ».
Bien que les gestes de Valushka soient très concrets et circonscrits, on baigne dans une abstraction sublimée par une mise en scène lente et majestueuse, un noir et blanc magnifique et une musique sombre et fragile. Le premier plan - en dix belles minutes de magie, de poésie et d'humour - nous montre la rotation des planètes, interprétée par des ivrognes au moment de la fermeture du bar, et dont Valushka est le metteur en scène. Passionné d'astrologie et à la fois impliqué dans la vie des êtres qui l'entourent, il est la porte qui nous permet d'accéder aux faits qui sont décrits. En parfaite adéquation avec ce personnage de naïf un peu simplet, constamment étonné et curieux, nous sommes transportés dans la ville, croisant des visages inquiétants, mais dont l'hermétisme n'est pas dû à une quelconque mise en scène : c'est à l'hermétisme du monde qui nous entoure que nous sommes renvoyés.
Dans ce micro-univers, on sent un frémissement de révolte, la violence qui monte, peut-être une insurrection, mais dont nous ne connaîtrons pas la cause. Si le film parvient à créer un climat de rupture politique très concret, il tourne pourtant tout autour d'un mystère, comme les ivrognes-planètes tournaient autour d'un ivrogne-soleil au début. Grand film mystique, spirituel et dostoïevskien, Les Harmonies appellent le sentiment du divin, dans des scènes pourtant bien plus « lisibles » que chez un Tarkovski par exemple. La scène où Valushka va voir la baleine, leur face-à-face, est à la fois d'une poésie « universelle » et une allégorie de « la puissance du Seigneur », comme l'exprime le jeune homme à Eszter. En perpétuelle quête d'une expérience du divin (on peut comprendre ainsi sa passion pour l'astrologie), le jeune naïf va sans le savoir à la rencontre de la violence des hommes, menés par le mystérieux "prince" que nous ne verrons jamais.
Avec ces Harmonies Werckmeister, Béla Tarr crée un univers cinématographique unique, d'une grande richesse plastique. Le sentiment que quelque chose nous échappe ne nuit en rien à l'impression d'assister à un événement rare au cinéma : le monde, engendré par un regard, ou la mise en abîme de notre propre expérience du monde (et du cinéma). A tous les sens du terme, le film le plus fantastique de ce début d'année.
Les Harmonies Werckmeister
Un film de Béla Tarr
Hongrie / 2002 / 145'
Avec Lars Rudolph, Peter Fitz, Hanna Schygulla.
Sortie le 19/02/2003."
14 juillet 2007
Fête nationale !
Aujourd'hui la France commémore le jour où fut prise la Bastille, symbole du basculement d'un pouvoir aristocratique vers un pouvoir bourgeois (encore plus méprisable car la bourgeoisie n'a fait que tenter misérablement de copier l'aristocratie. Un ersatz de classe sociale... ).
Ce qui n'empêche pas cette cohorte de brutes mercantiles dénuées de sens éthique, de classe et d'histoire de s'accaparer les grandes réalisations d'une époque flamboyante : le Président n'est-il pas logé dans un palais du XVIIIè siècle bâti pour un Comte ? Combien de Préfecture, ces niches pour clébards de la République, ont-elles été construites après la Révolution ?
Pour en revenir au 14 juillet, je trouve curieux ce besoin de l'Etat de fêter les choses morbides... Un fête nationale où à la fin de la journée les patriotes se promenaient dans Paris avec des têtes plantées sur des pics... Cela me rappelle cette phrase d'Oscar Wilde :
"Le patriotisme est la vertu des brutes"
Ce qui n'empêche pas cette cohorte de brutes mercantiles dénuées de sens éthique, de classe et d'histoire de s'accaparer les grandes réalisations d'une époque flamboyante : le Président n'est-il pas logé dans un palais du XVIIIè siècle bâti pour un Comte ? Combien de Préfecture, ces niches pour clébards de la République, ont-elles été construites après la Révolution ?
Pour en revenir au 14 juillet, je trouve curieux ce besoin de l'Etat de fêter les choses morbides... Un fête nationale où à la fin de la journée les patriotes se promenaient dans Paris avec des têtes plantées sur des pics... Cela me rappelle cette phrase d'Oscar Wilde :
"Le patriotisme est la vertu des brutes"
13 juillet 2007
Tintin au Congo interdit aux mineurs en Grande-Bretagne
Saviez-vous que si vous lisez cette BD, vous devenez raciste ? C'est en résumé la raison qui a poussé les autorités britanniques à en interdire sa lecture aux mineurs.
La raison : une décision de la commission pour l’égalité raciale (CRE), saisie par un avocat britannique, David Enright, qui est tombé par hasard sur l’album en faisant du shopping. Pour lui, «Tintin au Congo» suggère que les Africains sont de sous-humains, que ce sont des imbéciles, à moitié sauvages».
C'est à mon avis ce qu'une majorité d'occidentaux pensait à l'époque où a été éditée cette bande dessinée, et une certaine portion des occidentaux d'aujourd'hui.
Cette hypocrisie est indigne d'un Etat comme le Royaume-Uni, tellement indigne même que cela aurait pu arriver en France, sous l'action de la tristement célèbre HALDE, dirigé par un haut fonctionnaire ex-vendeur de voitures.
Va-t-on chez nous réserver la lecture des BD d'Asterix aux adultes sous prétexte qu'elles donnent une image grotesque de nos voisins européens ?
Même moi, lorsque j'ai lu Tintin au Congo (je devais avoir 8 ans), la caricature des africains m'avait fait sourire. Faut-il voir dans cette mesure le fait que les enfants et ados d'aujourd'hui soient dépourvus de la plus embryonnaire forme d'intelligence ? C'est comme ça que je le prendrais en tout cas...
On vit vraiment dans une société où la responsabilisation de l'individu, la notion de libre-arbitre et tout simplement de distanciation n'existent plus.
Tiens, il faudrait interdire également la lecture de Bécassine aux enfants, cela donne une image tellement négative des Bretons... Remarquez, vous connaissez quelqu'un qui lit Bécassine ?
La raison : une décision de la commission pour l’égalité raciale (CRE), saisie par un avocat britannique, David Enright, qui est tombé par hasard sur l’album en faisant du shopping. Pour lui, «Tintin au Congo» suggère que les Africains sont de sous-humains, que ce sont des imbéciles, à moitié sauvages».
C'est à mon avis ce qu'une majorité d'occidentaux pensait à l'époque où a été éditée cette bande dessinée, et une certaine portion des occidentaux d'aujourd'hui.
Cette hypocrisie est indigne d'un Etat comme le Royaume-Uni, tellement indigne même que cela aurait pu arriver en France, sous l'action de la tristement célèbre HALDE, dirigé par un haut fonctionnaire ex-vendeur de voitures.
Va-t-on chez nous réserver la lecture des BD d'Asterix aux adultes sous prétexte qu'elles donnent une image grotesque de nos voisins européens ?
Même moi, lorsque j'ai lu Tintin au Congo (je devais avoir 8 ans), la caricature des africains m'avait fait sourire. Faut-il voir dans cette mesure le fait que les enfants et ados d'aujourd'hui soient dépourvus de la plus embryonnaire forme d'intelligence ? C'est comme ça que je le prendrais en tout cas...
On vit vraiment dans une société où la responsabilisation de l'individu, la notion de libre-arbitre et tout simplement de distanciation n'existent plus.
Tiens, il faudrait interdire également la lecture de Bécassine aux enfants, cela donne une image tellement négative des Bretons... Remarquez, vous connaissez quelqu'un qui lit Bécassine ?
11 juillet 2007
Nouvel album d'interpol
Je viens de télécharger le dernier album d'Interpol. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un groupe de New-York dont le son est très rock du début des années 80, un peu sombre, et la voix me fait penser à feu Ian Curtis, le chanteur de Joy Division.
A la première écoute, c'est du Interpol. Quelques morceaux ont été joué lors de leur passage eu Cabaret Sauvage en avril, c'est assez efficace. Pour info, ils seront de retour en France au Zénith de Paris le 21 novembre.
Voyage au bout de la nuit (suite)
10 juillet 2007
Voyage au bout de la nuit
Ce roman était mon premier élément d'inspiration lorsque j'ai créé ce blog. Quelques jours après l'anniversaire de la mort de son auteur (le 1er juillet 1961), il me revient le souvenir de sa première lecture.
J'avais alors 17 ans, c'est mon ami Yannick qui m'avait prêté le roman... Une édition Poche des années 60. La couverture représentait un personnage les yeux bandés, les bras tendus, qui semblait chercher son chemin. C'est du moins le souvenir que j'en ai.
Deux jours passèrent durant lesquels j'eus l'impression de quitter le monde terrestre. J'étais alors en vacances en Bretagne je crois et je n'arrivais pas à sortir de l'histoire, j'étais litéralement absorbé tout entier par le livre. Le premier jour, je terminai à la lampe torche et ne m'arrêtai que parce les mots volaient devant moi... Le lendemain je me réveillai avec le désir intact de poursuivre ma lecture.
Aujourd'hui, 17 ans après, j'ai du lire ce roman une quinzaine de fois. Je me suis procuré l'édition originale l'année dernière, c'est pour moi le plus grand roman de mon existence. Il m'a donné goût à la littérature (même si j'avais déjà apprécié Baudelaire) et confirmé le dégoût que je portais à l'humanité et à sa bienveillante médiocrité.
La dernière émotion littéraire qui pourrait approcher du sentiment que je me rappelle avoir éprouvé cette année-là, ce fut avec le roman de Michel Houellebecq (La possibilité d'une île), que j'achetai sur Ebay à l'oncle de l'ex-femme de l'auteur (hasard fortuit ?). J'y trouve quelques similitudes, mais n'étant pas critique littéraire, je ne me risquerais pas à faire ici une mise en parallèle des deux oeuvres. Et j'estime que je suis ici chez moi et que je n'ai pas à justifier ce que je raconte.
Dans un prochain billet, je transcrirai les passages de "Voyage au bout de la nuit" qui m'ont le plus marqué (je pourrais presque les citer de mémoire).
J'avais alors 17 ans, c'est mon ami Yannick qui m'avait prêté le roman... Une édition Poche des années 60. La couverture représentait un personnage les yeux bandés, les bras tendus, qui semblait chercher son chemin. C'est du moins le souvenir que j'en ai.
Deux jours passèrent durant lesquels j'eus l'impression de quitter le monde terrestre. J'étais alors en vacances en Bretagne je crois et je n'arrivais pas à sortir de l'histoire, j'étais litéralement absorbé tout entier par le livre. Le premier jour, je terminai à la lampe torche et ne m'arrêtai que parce les mots volaient devant moi... Le lendemain je me réveillai avec le désir intact de poursuivre ma lecture.
Aujourd'hui, 17 ans après, j'ai du lire ce roman une quinzaine de fois. Je me suis procuré l'édition originale l'année dernière, c'est pour moi le plus grand roman de mon existence. Il m'a donné goût à la littérature (même si j'avais déjà apprécié Baudelaire) et confirmé le dégoût que je portais à l'humanité et à sa bienveillante médiocrité.
La dernière émotion littéraire qui pourrait approcher du sentiment que je me rappelle avoir éprouvé cette année-là, ce fut avec le roman de Michel Houellebecq (La possibilité d'une île), que j'achetai sur Ebay à l'oncle de l'ex-femme de l'auteur (hasard fortuit ?). J'y trouve quelques similitudes, mais n'étant pas critique littéraire, je ne me risquerais pas à faire ici une mise en parallèle des deux oeuvres. Et j'estime que je suis ici chez moi et que je n'ai pas à justifier ce que je raconte.
Dans un prochain billet, je transcrirai les passages de "Voyage au bout de la nuit" qui m'ont le plus marqué (je pourrais presque les citer de mémoire).
03 mai 2007
Devinette...
Qui a dit ce soir même à Montpellier :
"en France, un Etat fort est la condition nécessaire de l'ouverture, de la liberté, de la décentralisation" ?
Allez je vous aide, c'est un "ultra-libéral" français d'après ses détracteurs (c'est-à-dire un socialiste aux yeux du monde).
Heureusement que la campagne est terminée, j'ai lu tellement de conneries qu'il y aurait de quoi écrire un roman...
"en France, un Etat fort est la condition nécessaire de l'ouverture, de la liberté, de la décentralisation" ?
Allez je vous aide, c'est un "ultra-libéral" français d'après ses détracteurs (c'est-à-dire un socialiste aux yeux du monde).
Heureusement que la campagne est terminée, j'ai lu tellement de conneries qu'il y aurait de quoi écrire un roman...
22 avril 2007
Aujourd'hui : faire le bon choix
Lettre Adressée à Jean Grave
Clarens, Vaud, 26 septembre 1885.
Compagnons,
Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n'est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l'exercice du droit de suffrage.
Le délai que vous m'accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j'ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.
Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.
Voter, c'est être dupe ; c'est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d'une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l'échenillage des arbres à l'extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l'immensité de la tâche. L'histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.
Voter c'est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l'honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui, le candidat s'incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L'ouvrier, devenu contremaître, peut-il rester ce qu'il était avant d'avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n'apprend-il pas à courber l'échine quand le banquier daigne l'inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l'honneur de l'entretenir dans les antichambres ? L'atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s'ils en sortent corrompus.
N'abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d'action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance.
Je vous salue de tous coeur, compagnons .
Élisée Reclus
Lettre adressée à Jean Grave,
insérée dans Le Révolté du 11 octobre 1885.
Clarens, Vaud, 26 septembre 1885.
Compagnons,
Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n'est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l'exercice du droit de suffrage.
Le délai que vous m'accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j'ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.
Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.
Voter, c'est être dupe ; c'est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d'une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l'échenillage des arbres à l'extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l'immensité de la tâche. L'histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.
Voter c'est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l'honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui, le candidat s'incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L'ouvrier, devenu contremaître, peut-il rester ce qu'il était avant d'avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n'apprend-il pas à courber l'échine quand le banquier daigne l'inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l'honneur de l'entretenir dans les antichambres ? L'atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s'ils en sortent corrompus.
N'abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d'action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance.
Je vous salue de tous coeur, compagnons .
Élisée Reclus
Lettre adressée à Jean Grave,
insérée dans Le Révolté du 11 octobre 1885.
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